BASE, DyGAP et GQMS : les chercheurs, ingénieurs, techniciens et stagiaires de trois équipes de GQE-Le Moulon se sont mobilisés une grande journée pour mener à bien le semis et la protection des parcelles expérimentales de maïs, avec la collaboration de l’IE et l’aide de collègues de RAMDAM.
Après les semis de grande culture (6,5 ha de maïs hybride), ce sont les parcelles expérimentales de maïs qui ont été semées pour trois équipes de recherche de GQE-Le Moulon.
L’un des enjeux de l’organisation des semis est de faire voisiner sur une même parcelle de 2,5 ha plusieurs expérimentations menées par les trois équipes, et donc de nombreuses variétés de maïs, sans amplifier la compétition de voisinage entre les variétés et tout en tenant compte des contraintes techniques du semis et de la conduite des expérimentations. Dans ce contexte, la coordination entre les équipes est une nécessité vitale pour la réussite des expérimentations.
Trois équipes de recherche et de nombreuses variétés de maïs
Les équipes BASE et DyGAP exploitent les variétés issues d’une expérience de sélection pour la date de floraison qui se déroule depuis 23 années sur le plateau de Saclay. Elles étudient le développement des plantes, les attaques des bioagresseurs comme la pyrale du maïs, et le microbiote des plantes chez les variétés précoces et tardives. Les travaux de GQMS ciblent le déterminisme génétique de la floraison du maïs.
Les travaux au champ consistent à croiser des variétés à floraison plus ou moins précoce, ou à réaliser des autofécondations pour produire de nouvelles semences. BASE et DyGAP sèment leurs propres variétés. GQMS utilise des variétés provenant de nombreux programmes de recherche (menés en collaboration avec d’autres équipes de l’Inra ou des partenaires privés) dont certaines ont été produites en contre-saison dans des pépinières chiliennes, ce qui permet d’obtenir 2 générations par an. GQMS assure également la production de matériel pour l’UMR IJPB de Versailles.
Le terrain
Connu pour ses qualités agronomiques remarquables en culture céréalière, le sol du plateau de Saclay doit être préparé pour éviter tout biais agronomique qui pourrait fausser l’évaluation des différences génétiques. Les essais sont intégrés dans des rotations de trois ans, c’est-à-dire qu’ils sont installés sur des terrains où ont été conduites durant deux saisons des cultures d’homogénéisation ; ces travaux agricoles, sur maïs, blé, et/ou colza, sont gérés par l’équipe de l’installation expérimentale avec le même itinéraire technique qu’un agriculteur du plateau de Saclay. Ils sont compliqués par la réduction de la superficie des terrains de la ferme qui suit les travaux de construction de l’université Paris-Saclay.
Préparation des semis
Une longue préparation des semences précède le semis expérimental. En hiver, Nathalie Galic (Technicienne BASE) et Sophie Pin (Technicienne GQMS) effectuent un premier inventaire des graines disponibles, issues de la production de l’été et conservées en chambre froide. En mars les graines en provenance de la contre-saison au Chili leur parviennent. À partir de cet inventaire, le chercheur peut élaborer une liste de préparation variétale précisant le nombre souhaité de lignes et de graines selon l’expérimentation qu’il veut mener. Les techniciennes préparent les variétés conditionnées en sachets de 25 graines, puis traitent les semences au fongicide ; les sachets sont stockés jusqu’à leur mise en godets suivant le plan de semis, prêts à être chargés dans le semoir expérimental.
Le plan de semis est une juxtaposition de planches de 6m sur 12,80m comprenant 16 rangs de semis de 25 graines. Il intègre plusieurs programmes de recherche pour ne pas perdre d’espace ; les programmes sont répartis dans des modules de 19 planches comme le seraient les pièces du puzzle Tetris en tenant compte : 1/ des caractéristiques phénotypiques des différentes variétés. La répartition des phénotypes vise à réduire la compétition entre variétés : par exemple, il est préférable qu’une variété haute ne côtoie pas une variété naine, qui pâtirait d’un manque de lumière pour se développer.
2/ des contraintes pratiques inhérentes aux outils agricoles et à la conduite de l’expérimentation. Le semoir expérimental qui permet de charger les godets préparés en salle technique sème en un passage 4 lignes en parallèle avec un espacement de 80 cm entre lignes. Des lignes sont laissées vides lors du passage du semoir tracté : elles seront semées manuellement « à la canne » à des dates décalées de plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avec des variétés dont le développement est plus rapide. Décaler les semis permet de synchroniser la floraison de variétés précoces et tardives pour réaliser les croisements. En effet, le pollen de maïs ne se conserve pas.
Les prédateurs
Les corvidés sont friands de graines et suffisamment intelligents pour suivre les lignes et piquer leur bec là où se trouve la graine. Les modules semés sont protégés par des filets anti-oiseaux, opération qui nécessite une coordination véritablement chorégraphiée par Cyril Bauland (Ingénieur de recherche GQMS).
Les mesures se feront à quatre pattes sous les filets que l’on pourra ôter dès que les plants de maïs auront atteint le stade 5 feuilles, vers mi-juin : l’enracinement est alors suffisamment dense pour que le plant ne puisse pas être arraché et la graine épuisée pour intéresser les corvidés.
D’autres prédateurs s’attaquent aux parcelles de maïs :
. Les mouches de semis pondent dans les plants mais les dégâts sont localisés et ne nécessitent pas de traitement systémique.
. Les lapins grignotent quelques plants, et les sangliers attaquent rarement nos parcelles.
. Avec le réchauffement climatique, les attaques de pucerons se sont raréfiées au point que depuis cinq ans, aucun traitement insecticide n’est plus nécessaire.
. La pyrale, insecte foreur des tiges, est par contre devenue récurrente ; elle peut occasionner des cassures de l’inflorescence mâle au sommet des plants de maïs préjudiciables à la reproduction des variétés. L’équipe BASE exploite l’installation de ce pathogène pour en faire un objet de recherche, en collaboration avec des équipes de l’UMR EGCE (Cf. Phenofore, un projet de recherche sur la lutte biologique contre la pyrale et la sésamie, deux ravageurs du maïs ).
La météo
Les conditions météos se sont révélées idéales le mardi 23 avril : on a bénéficié tout à la fois d’une terre suffisamment sèche pour travailler aux engins agricoles la couche superficielle du sol de 7 cm, profondeur à laquelle l’humidité est recherchée pour faire germer les graines semées et d’une journée ensoleillée, sans pluie avant la fin du semis, qui aurait pu transformer en une boue impraticable le champ de semis préparé en terre fine. Une quinzaine de personnes ont travaillé au semis et à la pose des filets.
Les conditions météorologiques sont enregistrées tout au long de l’année ; une station météo du réseau INRA AgroClim conforme aux normes Météo France est installée sur l’emprise de la Ferme de Moulon. Il est prévu qu’elle soit installée au milieu des parcelles. Elle mesurera la température, l’hygrométrie aérienne, la pluviométrie, l’intensité lumineuse et la vitesse du vent. Ces relevés sont complétés par des sondes capacitives plantées dans le sol au milieu des expérimentations, qui en mesurent le statut hydrique. Ces données permettent de caractériser les conditions du milieu agro-climatique dans lesquelles les plants se développent, et d’étudier finement les interactions entre génotype et environnement.
Crédits iconographiques
- Photographies : Cyril Bauland, Christine Dillmann, Rozenn Le Guyader, GQE-Le Moulon
- Graphiques : Nathalie Galic, Rozenn Le Guyader, Sophie Pin, GQE-Le Moulon