Le changement climatique constitue le principal défi auquel nous sommes confrontés pour la production alimentaire. L’augmentation des températures et de la variabilité des précipitations affectent directement l’environnement abiotique des cultures, leur distribution géographique et leurs interactions biotiques, entraînant une plus grande vulnérabilité. Repenser de nouvelles stratégies qui atténueront ces impacts est une priorité pour l’agriculture.
Des ressources chez les plantes sauvages ?
Contrairement aux formes cultivées et entretenues par l’homme, les plantes sauvages apparentées aux cultures sont confrontées à des défis continus dans leur environnement naturel et présentent une diversité génétique supérieure à celle des formes cultivées. Elles constituent ainsi un réservoir inexploité d’allèles, qui pourrait être utilisé pour augmenter la capacité adaptative des espèces cultivées face aux changements globaux. L’exploitation génétique des apparentés sauvages en amélioration des cultures constitue une stratégie alternative clé à l’utilisation massive d’intrants, pour promouvoir la durabilité des agroécosystèmes. Elle est cependant conditionnée par les compatibilités de croisements entre les formes sauvages et domestiques et la fertilité des descendances qui en résultent.
Objectifs du programme de recherche
Le projet DomIsol vise à caractériser l’étendue et la nature moléculaire des barrières reproductives entre ces formes, et à étudier les processus évolutifs sous-jacents. En raison de leur divergence récente, les systèmes sauvages/domestiques permettent d’étudier les barrières reproductives à un stade très précoce de leur mise en place. Nous proposons ici de mettre l’accent sur 14 systèmes sauvages/domestiques (betterave, chou, pomme, vigne, maïs,..) représentant un continuum de divergence afin d’entreprendre une approche comparative. Nous poursuivons deux objectifs majeurs.
Le premier est de tirer parti de cette grande diversité de systèmes pour effectuer une évaluation quantitative des barrières reproductives chez les hybrides F1 issus de croisements sauvages x domestiques, et d’étudier les liens entre ces barrières, l’histoire évolutive de ces formes, leur divergence phénotypique et génomique, afin d’inférer les paramètres évolutifs qui déterminent l’intensité de leur isolement reproducteur.
Le second est de nous concentrer sur trois des 14 systèmes afin d’affiner notre compréhension des mécanismes moléculaires sous-jacents à l’isolement reproducteur. Ceci inclut une description des changements transcriptionnels chez les hybrides F1 ainsi qu’une détection des distorsions de ségrégation dans les descendances F1 et F2 qui pourront être utilisées ensuite pour cartographier des locus impliqués dans la dépression des formes hybrides.
Les partenaires DomIsol
DomIsol rassemble des expertises complémentaires en production et utilisation de ressources génétiques, agronomie, génomique évolutive, génétique végétale, modélisation. Outre GQE-Le Moulon avec l’équipe DyGAP de Maud Tenaillon (coordinatrice), trois laboratoires sont partenaires du projet:
- l’UMR ECOBIO (Écosystèmes, Biodiversité, Évolution) à Rennes sous la houlette de Sylvain Glémin,
- l’UMR DIADE à Montpellier sous la houlette Yves Vigouroux
- l’unité GAFL (Génétique et Amélioration des Fruits et légumes) sous la houlette de Catherine Dogimont.
DomIsol bénéficie également de partenaires extérieurs nationaux (Florimont-Desprez, UMR AGAP Montpellier, IGEEP Rennes, IJPB Versailles, CIRAD Montpellier) et internationaux (INIFAP Mexique, Julius Kühn-Institut Dresden Allemagne).
Génomique, collaboration et durabilité
Les résultats apporteront une meilleure compréhension des processus à l’œuvre dans les toutes premières étapes de l’isolement reproducteur, et de leurs conséquences en termes de valeur sélective ; mais contribueront également à caractériser l’étendue et la nature génétique des obstacles à la reproduction entre formes sauvages et cultivées. Ceci est une étape indispensable pour les surmonter et exploiter pleinement le réservoir d’allèles adaptatifs pour améliorer la durabilité des cultures au sein des agro-écosystèmes. Ce projet produira un matériel génétique unique sur plusieurs systèmes et des jeux de données qui serviront de bases pour des collaborations entre les acteurs de la communauté de génétique et génomique végétale. Les données produites serviront de base à des enseignements pratiques sur l’utilisation des données de séquençage haut-débit en amélioration des plantes, et permettront aussi de sensibiliser le grand public à l’importance de la préservation des populations sauvages.
DomIsol
- Durée : 4 ans (2020-2024)
- Source : ANR, Agence Nationale de la Recherche AAPG2019: Dynamique des socio-écosystèmes et de leurs composants en vue de leur gestion durable
- Financement : 600 k€
- Contact : Maud Tenaillon